Bipolaire ou lunatique ?

[CW : maladie mentale]

Bonjour ! 🙂 Tout d’abord, merci aux 26 personnes qui ont voté afin de choisir le thème qui sera traité dans cet article. Vous avez été 16 à préférer que je traite de psychologie, contre 9 pour un mouvement de pensée et/ou musical (et 1 à faire une suggestion particulièrement intéressante !). Mais rassurez-vous, le prochain article traitera d’un mouvement du coup… 😉
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J’ai alors choisi de continuer dans la lignée de mon article précédent (> Schizophrénie : est-ce vraiment ce que vous croyez ? que tu peux retrouver en cliquant sur son nom ^^) des erreurs à ne pas commettre lorsque l’on veut faire de la psychologie de comptoir. J’ai nommé….. *roulement de tambour* …. LA BIPOLARITÉ ! Qui est BEAUCOUP TROP souvent utilisée à tout va.

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Présentation

Le trouble bipolaire, également appelé trouble maniaco-dépressif jusqu’en 1980, est un trouble de l’humeur et du comportement qui se caractérise par une variation anormale de l’humeur, constituée de deux principaux épisodes qui s’alternent dans le temps : la phase maniaque et la phase dépressive. On mentionne aussi un état mixte, qui correspond au passage d’un épisode à l’autre. (J’explique dans la partie suivante comment ces épisodes se manifestent t’inquiète).
Il existe plusieurs degrés de bipolarité (les chercheurs s’accordent en majorité pour dire qu’il y en a 3), qui définissent le niveau de sévérité du trouble.

La durée des cycles est variable selon chaque individu et les états sont influencés par des facteurs physiologiques (c’est-à-dire par exemple l’âge, l’environnement familial, …) ou secondaires (les drogues). Sa cause n’est pas clairement définie, on pense notamment à la vulnérabilité de la personne au niveau génétique (des gênes plus « faibles » que la moyenne, qui sont moins résistants, de grosses périodes de stress répétées), un environnement pas sain et pas safe, ou encore une enfance difficile. On estime qu’il y a 1 à 2% de la population française touchée par cette maladie (~1 000 cas) et que son apparition se fait majoritairement au début de l’âge adulte.

Symptômes

Comme je l’ai dit précédemment, le trouble bipolaire est constitué de 2 pôles principaux (≠ trouble unipolaire où il n’y a qu’un seul épisode). /!\ Ces symptômes doivent persister dans le temps et sont gênants pour la personne qui les subit.

  • L’épisode dépressif

Selon la Classification Internationale des Maladies, on retrouve approximativement les mêmes symptômes que la dépression ; à savoir la tristesse, perte d’intérêt, d’énergie et d’estime de soi, difficulté de concentration et de mémorisation, idées noires voire comportement suicidaire, troubles de l’appétit, du sommeil et de la libido.

  • L’épisode maniaque

Toujours selon cette même classification, cette phase doit durer au moins 4 jours consécutifs et doit être différente du fonctionnement habituel de la personne. Au moins 3 de ces symptômes doivent être recensés : agitation physique, augmentation du désir de parler, de l’énergie sexuelle et de la sociabilité (de manière excessive), distractibilité, réduction du besoin de sommeil, conduites irresponsables voire à risque (achats compulsifs, sexualité, drogue…). Il s’agit d’une période euphorique où la personne a envie de tout faire et se sent capable de tout.

  • L’épisode mixte

Il s’agit d’une période d’entre-deux, de « rémission », où l’on peut percevoir le comportement « habituel ». C’est généralement à ce moment là que les comportements dépressifs et maniaques s’entremêlent. Ces phases se voient cependant de moins en moins présentes, jusqu’à en devenir inexistantes avec le temps.

/!\ Il est HYPER IMPORTANT de noter que comme dans toutes les pathologies, chaque sujet est différent et va ressentir et vivre de manière différence son trouble.

Mais alors, c’est quoi être lunatique ?

Être lunatique, c’est être une personne qui a du mal à gérer ses émotions et donc qui passe rapidement de l’une à l’autre sans les contrôler. La personne a donc l’humeur changeante (changement relativement rapide par rapport à la moyenne). C’est perturbant pour elle et pour les autres, mais il s’agit d’un trait de caractère, voire d’un trouble de l’humeur mais qui n’est pas psychiatrique. Il n’y a pas de cause, de raison connue, c’est simplement la personnalité de l’individu.

Pourquoi il ne faut pas confrondre les deux et utiliser le terme bipolarité trop rapidement

Et bien déjà parce que la bipolarité est une pathologie, tandis qu’être lunatique est un trait de caractère. Mais également parce que la bipolarité fait partie des troubles du comportements (ce qui n’est pas le cas des personnes lunatiques). De plus, en termes de temporalité, les deux sont complètement différents : un sujet lunatique pourra changer d’humeur en quelques heures, jours ; tandis qu’une période chez un sujet bipolaire est beaucoup plus longue (semaines, mois, voire années).

Utiliser le terme de bipolaire au lieu de parler d’une personne lunatique (ou alors simplement qui change d’humeur/de comportement rapidement) minimise voire invisibilise la pathologie et ses conséquences. Il s’agit d’une maladie qui compte parmi les 10 les plus coûteuses et invalidantes selon l’Organisation Mondiale de la Santé !

La bipolarité est un trouble qui affecte la vie quotidienne de la personne sur de nombreux plans (sa vie relationnelle, professionnelle, affective…), il se manifeste sous forme de crises et désorganise la personne. Le sujet subit les symptômes de son trouble, mais également ce qui y est lié : possible hospitalisation, traitement médicamenteux et thérapeutiques, risque suicidaire augmenté de 20% (selon l’OMS), difficultés d’avoir des relations stables… Bref, être bipolaire n’est pas une partie de plaisir, ce n’est pas quelque chose dont on peut rire (seul.e.s les concerné.e.s peuvent se le permettre), se moquer, ni même dire « haan je suis trop bipolaiiiiraaanh » parce que tu ris 10 minutes après avoir pleuré > la vie quotidienne d’un.e personne lunatique n’est pas spécialement bouleversée par ce trait au contraire d’une bipolaire.
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Une illustration de ce trouble que je trouve particulièrement réussie est le personnage de Ian dans la série américaine [ATTENTION SPOIL] Shameless.

Afin de finir sur une note plus positive, voici des œuvres effectuées par des personnes bipolaires (ou fortement suspectées de l’être) 😊.
Et oui ! Comme d’autres pathologies, la bipolarité favorise l’émergence de la créativité, et est même une aide à vivre avec sa maladie. L’art peut beaucoup aider à exprimer ses émotions et peut être un très bon complément de suivi des thérapies les plus recommandées pour les personnes bipolaires (qui sont la psychanalyse, la thérapie cognitivo-comportementale centrée sur la reprise de confiance en soi, ainsi qu’une aide médico-éducative pour mieux comprendre le trouble).

Vincent VAN GOHG – Nuit étoilée sur le Rhône

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Hector BERLIOZ – La Damnation de Faust (marche hongroise) (clique pour accéder au lien youtube !)

Charles BAUDELAIRE où vous retrouverez les poèmes ici

Sources :

Mes cours de première année de licence de psychologie (dossier sur le trouble bipolaire), le site de psychologie Psycom, brochure sur les troubles bipolaire rédigée par le psychiatre J.-D. Guelfi, le site lebipolaire.com, et divers dictionnaires pour chercher la définition de lunatique.

Merci à Cynthia pour sa relecture.

Maleficent

Schizophrénie : est-ce vraiment ce que vous croyez ?

[ CW : maladies mentales, drogues, médicaments , violence ]

Salutations ! Aujourd’hui petit article sur les troubles schizophréniques afin d’apporter des précisions sur cette pathologie et de déconstruire des idées reçues :).

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Présentation

Les troubles schizophréniques sont des troubles psychiques dus à un dysfonctionnement du cerveau, ils touchent principalement les éléments en lien avec la désorganisation et les hallucinations. Il s’agit d’un syndrome relativement rare puisqu’il ne touche qu’1% de la population (environ 600 000 personnes en France). En général, il se déclare entre 15 et 25 ans et agit sur plusieurs périodes (précédant l’arrivée du trouble > expression des premiers signes > les trois premières années avec le trouble > sur le long terme).

Symptômes

On remarque des symptômes classés en deux catégories : les symptômes dits « positifs », qui viennent en plus par rapport au fonctionnement normal ; et les « négatifs » qui sont en moins d’un comportement dit normal. On observe notamment :
Troubles cognitifs, principalement sur l’attention, la mémoire, et les mouvements.
Désorganisation au niveau émotionnel, intellectuel et comportemental. On retrouve par exemple des troubles du mouvement, un rapport au temps discontinu, un sentiment de dépersonnalisation (quelque chose en soi qui a changé) et de déréalisation (quelque chose a changé dans le monde extérieur), ainsi qu’une incohérence dans le langage.
Hallucinations, elles peuvent toucher tous les sens ainsi que la pensée.
Délire avec des interprétations erronées et délirantes. Ceci se rapproche notamment de la paranoïa dans le sens où ces deux pathologies provoquent des idées fausses.
– Le repli sur soi, perte de motivation ; qu’on retrouve également dans la dépression.

Une personne peut être diagnostiquée si elle répond aux critères inscris dans le DSM (livre qui regroupe toutes les maladies et syndromes en psychologie et psychiatrie). Pour le cas des troubles schizophréniques, il faut que le sujet réponde à 2 symptômes sur les 5 cités, et qu’au moins un des deux concerne les hallucinations ou le délire. /!\ Ces symptômes doivent être sur le long terme (ici au moins 6 mois) !

Clichés : schizophrénie ≠ trouble dissociatif de l’identité et violence

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(Photo du film Split)

Les troubles schizophréniques NE SONT PAS la même chose que le trouble dissociatif de l’identité ! Le TDI est une maladie mentale qui est diagnostiquée dans le cas où une personne ressent qu’elle a plusieurs identités qui coexistent en elle (minimum 2). Chacune de ces personnes est différente, que ce soit en termes d’âge, de talent, de genre, et même de langue ! Il s’agit vraiment de plusieurs personnes (appelées Alters) enfermées dans un même corps. C’est souvent représenté dans l’art, notamment au cinéma avec les films Split et [ATTENTION SPOIL] Fight Club. * À noter que le film Split est à prendre avec de GROSSES pincettes ! Il véhicule des clichés dangereux qui ne reflètent pas la réalité, notamment concernant la violence.
Ce trouble est souvent associé à la schizophrénie par erreur. Même si certains symptômes sont similaires (anxiété notamment), les personnes atteintes n’ont pas du tout le même comportement ni les mêmes points de vue sur le monde réel.

Un autre cliché qui a la vie dure : les schizophrènes seraient violents.
Eh ! Sachez qu’ils ne sont pas toujours placés en hôpitaux psychiatriques !
Mais rassurez-vous, ceux n’étant pas hospitalisés ne sont pas dangereux pour les autres (c’est le but de la psychiatrie : être placé.e en hôpital car on est violent.e pour soi-même et/ou pour les autres). La violence chez les schizophrènes est principalement tournée vers eux-mêmes, si elle l’est vers les autres, c’est surtout dans une idée de paranoïa. Ils se sentent persécuté.e.s et vont vouloir se protéger.

Qui peut être touché par les troubles schizophréniques ?

Dans l’absolu, tout le monde étant donné qu’on ne connait pas vraiment les causes de ce syndrome. Mais il y a des groupes sociaux plus touchés que d’autres comme par exemple les personnes ayant subi des stress très forts (pour donner une idée de la grandeur du truc, par exemple des personnes ayant immigrées), les consommateurs de cannabis (voir mon article La beuh, la médecine, et le corps : le cannabis aide à déclencher le gêne de schizophrénie, mais ce gêne est DEJA LÀ de base !), ou encore un.e adolescent.e venant d’une famille où il y a déjà quelqu’un.e schizophrène, etc.

Être schizophrène est épuisant, mais pour les proches également. Les délires de la pensée peuvent entraîner de nombreux conflits, les troubles du langage une mauvaise communication, le manque de motivation être perçu comme simplement de la flemme.

Comment les traiter ?

Grâce à des médicaments (oui…) prescrits au cas par cas, des thérapies, et une grosse réadaptation de la vision du monde et des liens avec les proches. Mais il est impossible de s’en débarrasser… Il s’agit d’une pathologie difficile à vivre et à assumer au quotidien, on recense qu’un schizophrène sur deux a fait au moins une tentative de suicide au cours de sa vie.

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(Dessin : « Schizo Puzzle » by enemycamp – Ole Semko ©)

Cet article n’est qu’une introduction au vaste spectre que sont les troubles schizophréniques. Il ne s’agit ici que d’éléments en gros, qui permettent simplement d’adopter un regard un plus correct sur ce qu’est la schizophrénie.
Notons qu’il existe plusieurs types de schizophrénies en plus de la « simple », c’est pour ça qu’on préfère parler de troubles schizophréniques ; chacun de ces types est dominé par un symptôme (exemple :  schizophrénie paranoïde dominée par le symptôme de paranoïa). Il est également important de rappeler que chaque cas est particulier, et donc l’expression des symptômes est propre à chaque sujet !

Pour aller plus loin, je vous invite à lire le témoignage de Yoann, diagnostiqué schizophrène. Et également voir des films, comme les célèbres Black Swan et Psychose.

Sources :

Mon cours de psychologie avec monsieur Rey, psychiatre au Vinatier de Lyon et le site synapsespoir.

Merci à Lydie pour sa relecture.

Maleficent